L’injonction est, suivant le dictionnaire, un ordre, un commandement qui doit être exécuté et qui est souvent accompagné de menaces ou de sanctions.
Nos parents ont parfois utilisé des injonctions « pour notre bien », selon leurs critères bien sûr, pour que nous puissions nous intégrer dans le monde, dans la famille, pour notre réussite etc..... et généralement même ils l’ont fait inconsciemment.
Certaines injonctions parentales ont pour but de nous protéger : « Ne parle pas aux étrangers », d’autres que nous soyons « bien perçus » : « Dis bonjour madame », “Sois poli”...
D’autres encore correspondent à une réalité dans un contexte bien spécifique : « On ne coupe pas sa salade ». En effet, dans certaines familles, les lames de couteaux étant en argent, la vinaigrette aurait abîmé la lame.
D’autres sont transmises de génération en génération sans que personne ne sache quelle en est l’origine.
C’est quand ces messages deviennent contraignants et dirigent toutes nos réactions que cela pose problème.
Et si nous prenions un peu de recul pour observer ces injonctions qui ponctuent notre vie?
Eric Berne, psychiatre américain, a développé un outil de changement personnel, l’Analyse Transactionnelle, qui permet de mieux se connaître et d’améliorer nos interactions personnelles et notre communication. Il a notamment mis en lumière les « messages » ou injonctions que les parents transmettent à leur enfant, parfois verbalement, parfois aussi de façon inconsciente. On peut les regrouper en 5 messages principaux :
Sois parfait; Sois fort; Dépêche-toi; Fais plaisir; Fais des efforts. Ces messages sont gravés en nous et vont nous faire agir, tels une petite voix, nous dictant quel comportement adopter.
Pourquoi est-ce si difficile de se défaire de ces injonctions ? Souvent parce qu’enfant, c’est en y obéissant que nous obtenions de la reconnaissance : « C’est bien tu as été courageux, tu n’as pas pleuré », « Tu m’as fait très plaisir en finissant ton assiette de soupe », « Tu t’es dépêché, on va avoir le temps d’un câlin »…
Voici quelques pistes pour assouplir ces injonctions que nous avons reçues, afin d’oser être nous-mêmes :
« Sois parfait » :
Les parents ont pu dire par exemple :« Tu aurais pu être premier ! » « Recommence tant que ce n’est pas parfait ».
Il peut être important d’apprendre à un enfant à se dépasser, à bien faire les choses. Ce message fait de nous des êtres plutôt organisés, méticuleux et toujours à la recherche du travail bien fait.
Mais à force de vouloir être parfait, on peut devenir trop exigeant vis-à-vis de soi-même et redouter en permanence de commettre une erreur. L’injonction crée alors de l’anxiété.
La réalité c’est que personne n’est parfait. Et si nous admettions nos limites ? Si nos erreurs nous permettaient d’apprendre ?
« Sois fort »
On a pu entendre des petites phrases comme : « Un garçon ne pleure pas » ou encore « Ce qui ne tue pas rend plus fort», « Dans la vie, on ne peut compter que sur soi-même ».
L’intention des parents est d’apprendre à l’enfant à ne pas s’apitoyer sur lui-même lorsqu’il essuie un échec. Cependant, cela peut nous rendre froids, intransigeants, éventuellement méprisants pour ceux qui nous apparaissent comme des êtres faibles.
Et si nous nous autorisions à exprimer nos émotions, à demander de l’aide, à déléguer ?
« Dépêche-toi »
Avez-vous entendu souvent ? : « A cette vitesse là on n’y arrivera jamais » « tu n’as pas encore fini ? »
Il peut être utile voire nécessaire à certains moments d’apprendre à gérer le temps et à être rapidement réactifs. Mais trop répété et dit de cette façon, cette injonction fait monter la pression jusqu’à la maintenir toujours présente. Cela peut nous rendre plus agités que réellement actifs.
Et si nous apprenions à prendre le temps et à nous fixer des priorités ?
« Fais plaisir »
« Sois gentil avec Maman», « Tu me fais de la peine quand tu es comme ça », « Fais plaisir à grand-mère, finis la soupe qu’elle t’a préparée »
Le but est de faire de nous un être sociable, apprécié et dont la compagnie est recherchée.
Mais, pris au pied de la lettre, ce message va vite devenir une source d’angoisse. Comment oser refuser ce que l’on nous demande sans prendre le risque de ne plus être aimé ?
Or on ne peut pas faire plaisir à tout le monde : et si nous apprenions à dire non, à exprimer nos besoins, nos envies ? Et à dire oui lorsque nous le choisissons vraiment ?
« Fais des efforts »
« On n’a rien sans faire des efforts », « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ».
Par ces phrases, les parents cherchent à nous apprendre la persévérance. Elles nous incitent à ne pas renoncer devant le moindre obstacle et nous préparent à accepter le fait que la vie est parfois difficile et que rien ne s’obtient sans le mériter.
Mais le revers, c’est que nous finissons par penser que tout est compliqué et qu’il faut en baver pour réussir.
Et si nous avions le droit de faire les choses simplement et par plaisir ?
Ces quelques pistes pourront peut-être vous aider à sortir de certains schémas de vie. Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi nous contacter pour être accompagné sur ce chemin.
Bibliographie : L’analyse transactionnelle de René Lassus
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