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Choisir (ou non) de faire une thérapie…


Nous appartenons à des familles où il paraît inutile, voire dangereux, d’aller en thérapie. Et nous nous posons la question de prendre ce chemin parfois interdit, dans l’espoir d’aller mieux ou tout simplement parce qu’il nous paraît une richesse de plus à explorer.

Nous sommes les enfants de parents qui ne sont jamais allés en thérapie (1).

Nos parents ont fait du mieux qu’ils pouvaient, avec ce qu’ils avaient.

Il se peut que nous ayons grandi dans les silences, ceux qui recouvraient ce qui ne s’est jamais dit. Dans des règles qu’on ne remettait pas en question, dans des émotions contenues jusqu’à devenir invisibles ou inaccessibles.

Nous avons appris à lire les gestes plutôt que les mots, à tenter de comprendre ce qui ne se disait pas, à chercher un sens à ce qui, pour eux, n’avait même pas de nom.

Et cela ne nous a pas forcément empêché de grandir. Mais peut-être sommes-nous de ceux pour qui il est important de mettre des mots, de comprendre, d’analyser pour plus de conscience et de liberté.

Chaque génération porte le poids de sa propre histoire. Nos parents furent les enfants d’un temps où la vulnérabilité était un luxe, et l’introspection, un sentier peu emprunté. Ils ont grandi dans un monde où les blessures ne se nommaient pas : on les endurait, simplement. Où les limites étaient parfois rigides, parfois absentes. Où l’amour se prouvait par le sacrifice, ou par le sens du devoir et non par les mots.

Nous essayons de nommer ce qu’ils n’ont pas su ou pu dire. Nous nous attachons à identifier les peurs qu’on nous a léguées sans le vouloir. À essayer de nous accorder le droit de ressentir sans craindre d’être jugés.

Car emprunter le chemin de la thérapie, ce n’est pas accuser, c’est vouloir comprendre : ce que nous avons reçu, c’est ce qu’ils ont su offrir. C’est regarder leur histoire avec compassion, et la nôtre avec responsabilité.

Nous sommes les enfants de parents qui ne sont jamais allés en thérapie, mais nous pouvons choisir un autre chemin. Il nous revient de dépasser ce que nous avons appris sans le renier, de construire sans démolir, d’honorer sans répéter, de choisir ce que nous gardons et ce que nous refusons. Il nous appartient d’accepter que le passé ne peut être changé, mais que son écho peut être transformé dans notre vie.

Il nous revient d’accueillir nos blessures avec tendresse, d’en faire des sources de sagesse, et d’expérimenter de nouvelles façons d’être en relation, d’aimer, de vivre, d’exister.

Nous faisons du mieux que nous pouvons avec ce que nous avons…et nous ne savons pas quel chemin emprunteront nos enfants…

(1)Merci à « L’empreinte des mots » qui nous a permis d’adapter son article !

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